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Après Orange, Bollène, où est mise en avant "la liberté de conscience", la délibération votée ce 24 octobre 2013 par le conseil municipal de Fontgombault invoque maintenant une «loi naturelle supérieure aux lois humaines» pour refuser de célébrer le mariage d'un couple homosexuel.

«Hors de question de marier des pédés! Je ne le ferai pas», s'était déjà exclamé en septembre le maire de cette commune de l'Indre Jacques Tissier dans La Nouvelle République. Et le conseil municipal de menacer de démissionner s'il est contraint de procéder au mariage d'un couple homosexuel...

A Romainville, j'ai célébré il y a quelques semaines, et pour la première fois, un mariage entre deux jeunes femmes. En tant qu'élu, officier d'état civil, j'ai célébré ce mariage selon la loi de la République, garante de l'égalité des droits, mais je l'ai célébré aussi selon une loi naturelle, pour reprendre la déclaration de M. Jacques Tissier, maire de Fontgombault.

J'ai célébré ce mariage selon une loi naturelle et universelle que la République s'honore enfin à reconnaître pleinement, une loi naturelle qu'on aime à dire plus forte que tout : la loi irréductible de l'amour, de l'affection entre deux êtres. Cette loi naturelle, je l'oppose à la "loi naturelle" qu'invoque M. Tissier, tirée dont on ne sait quelle vérité biblique, animalière, biologique ?

Alors cette actualité repoussante m'a remis en mémoire les quelques mots que j'ai griffonné ce jour-là, à la hâte, avant d'entrer dans la salle des mariages où m'attendaient les deux jeunes femmes (personne dans les services n'avait pensé à me prévenir et lorsqu'on découvre les prénoms, on pense de façon "naturelle" à une erreur des services de l'état civil, d'autant qu'un des prénoms changeait de sexe pour une lettre...).

Ces quelques mots griffonnés, je les ai prononcés avec émotion pour assurer les futures épouses de toute la reconnaissance que les institutions apportent à leur engagement réciproque.

Ces quelques mots, je les ai prononcés devant deux mères fières de leurs filles qui venaient sceller solennellement leur union, devant une radieuse petite fille qui gambadait de l'une à l'autre des futures épouses.

Ces quelques mots je les ai prononcés en faisant référence au mot Egalité de notre devise républicaine pour rappeler que "l'égalité est à mon sens, et avant tout, celle de l'égalité des droits, et elle revêt la notion de dignité de la personne".

Oui, ai-je dit, en énonçant ces quelques mots griffonnés : "L'amour n'a pas et ne connaît pas de religion, de couleur, de classe, de sexe, ni de genre."

Dénier à quiconque cette "loi naturelle", c'est dénier l'humanité à une partie de l'humanité. C'est se mettre soi-même en dehors de cette humanité.

Ce maire qui conteste la loi naturelle de l'amour, de la parentalité, à un homme qui aime un homme, à une femme qui aime une femme, est-il naturellement apte à assumer la charge et la responsabilité du statut d'élu ? Je suis d'accord avec lui sur un point : qu'il démissionne.

N.B. : aujourd'hui, l'homosexualité est toujours interdite dans 78 pays, passible de la peine de mort dans encore 6 d'entre eux.

Ce jour là à Romainville

Ce jour là à Romainville

Tag(s) : #Romainville, #Droits humains